Bienvenu.e.s dans ma newsletter terre virtuelle de réflexions et de recommandations culturelles. Avant de parler du sujet du jour qui est « où en sommes-nous depuis la victoire du 7 juillet » je voulais vous faire part de recommandations culturelles qui m’ont fait vibrer la semaine dernière à savoir l’adaptation cinématographique du comte de Monte-Cristo et le roman de Déborah Lévy, « Hot Milk ».
Je suis allée voir le comte de monté Cristo deux fois au cinéma. Le mardi seule, le mercredi accompagnée de mon frère et de ma sœur. Une claque. Ce film de trois heures est une adaptation du roman d’Alexandre Dumas qui nous invite à découvre la vie de ce jeune marin marseillais, Edmond Dantès qui, promu au titre de capitaine et bientôt marié à l’élue de son cœur, Mercedes Herrera, voit son destin basculé. Trahi par des « amis » jaloux, il est dénoncé comme conspirateur bonapartiste et enfermé dans une geôle du château d'If, au large de Marseille. Enfermé pendant de longues années il y fera pourtant la rencontre de l’abbé Faria qui lui révélera l’existence d’un trésor caché sur l’ile de Monte-Cristo. Bientôt, Dantès prend le large et trouve le trésor et devient le comte de Monte-Cristo, commence alors la mise en œuvre d’un plan afin de se venger méthodiquement de ceux qui l’ont trahi et quelque part, lui ont dérobé sa vie.
Je ne connaissais pas l’œuvre. Et comme pour illusions perdues de Balzac mis en scène par Giannoli, le film nous donne envie de plonger dans l’œuvre aux quatre tomes. Le casting tout d’abord est frappant de justesse et je dois dire que certains acteurs comme Pierre Niney sont devenus des personnages médiatiques qui peuvent nous amener à percevoir la personne publique plutôt que le personnage fictif. Rassurez-vous ce n’est le cas à aucun moment. Les plans sont intelligents, vraiment bien pensés, on sent la grosse production au vu de la qualité de la photographie, des décors. La bande son reste dans la tête elle porte avec conviction et enchantement les péripéties d’Edmond, et ce qui est très fort c’est cette capacité à rester dans le rythme et dans la clarté alors que beaucoup d’histoires s’entrecroisent, on constate une belle alternance entre les moments de narration et d’action.
Je crois que ce qui ressort du film et qui m’a beaucoup émue, c’est cette phrase de l’abbé Faria qui finalement est la phrase clef de l’œuvre « et toi que feras-tu du trésor ? Feras-tu le bien ? Ou te vengeras-tu ? ». Ce n’est pas la citation exacte, mais on voit progressivement Dantès changer, passer du jeune garçon candide plein de bonnes intentions à l’homme rempli de douleurs, Pierre Niney transmet finement cette progression.
Comment conserver sa bonté, un peu de son éclat de vie lorsqu’on vous broie ? Je vais partir le regarder une troisième fois. Vous ne l’avez pas encore vu ? Qu’est-ce que vous attendez ?
J’ai lu Hot Milk et autant vous dire que je suis une grande admiratrice de Deborah Levy à tel point que j’ai versé quelques larmes lorsque j’ai raté sa venue à Paris. Je l’ai découverte l’été dernier en lisant sa brillante trilogie autobiographique composée de Ce que je ne veux pas savoir, Le Coût de la vie et Etat des lieux (Le sous-sol, 2020 et 2021) qui explore les conditions existentielles et matérielles de sa vie d’autrice, de femme, de mère. Je partais munie de bons aprioris.
Commençons par un résumé : Sofia est une jeune thésarde londonienne d’origine Grec qui vient sur la côte andalouse pour soutenir sa mère, Rose, en proie à une maladie des os indéchiffrable. Sur l’ile, l’onéreuse clinique du docteur Gomez semble être le dernier espoir de guérison.
Au fil des pages, on suit la relation complexe du duo mère-fille et progressivement, l’émancipation émotionnelle de Sofia qui se cherche et se questionne dès les premières lignes : qui est-elle, que va-t-elle faire de son avenir ? Elle a laissé de côté une thèse d’anthropologie et ironise souvent, ce que j’ai trouvé assez à propos, sur le comportement de sa mère son véritable sujet d’étude au fond.
Ce qui semble être l’élément déclencheur de son émancipation affective c’est la rencontre avec le personnage d’Ingrid et la relation sentimentale, tout aussi asymétrique, qu’elles créent.
Le nœud de l’intrigue est intéressant, comment partir mener sa propre vie sans délaisser un parent envahissant et malade de surcroit, peu autonome physiquement ? Cette tension, presque cornélienne parsème le roman sans jamais faillir.
On retrouve bien là les thématiques de Déborah Levy : l’exploration de soi, l’introspection, les personnages féminins à différents âges, l’alternance constante entre force et vulnérabilité.
Evidemment, j’adore ces thèmes et si vous avez mon âge, vous aurez une certaine sympathie pour Sofia et soulignons le fait qu’il n’est pas toujours aisé d’écrire un personnage principal nuancé surtout lorsque la narration est portée à la première personne.
L’écriture, en tout cas la traduction de Céline Leroy, va à l’essentielle, elle est dépouillée de coquetterie stylistique, ce qui laisse assez d’espace pour saisir la complexité des enjeux et la psychologie de Sofia.
Le dernier bon point à distribuer se situe du côté du paysage. L’Espagne, la mer, le soleil semblent contredire la relation ombrageuse de la mère et de la fille, et finalement il s’agit bien là d’un paysage état d’âme comme l’inventait Rousseau, c’est-à-dire un paysage à l’image des émotions intérieurs des personnages. Dans cette mer, Sofia se fait bruler dès la première page par une méduse, la nature environnante est tout aussi hostile, du plastique, des grues, des serres couvrant des exploitations douteuses de travailleurs immigrés, bref dès le départ Levy nous prévient, ne vous fiez pas aux apparences le lait de la mère est chaud après tout.
Nous pouvons tout de même souligner certaines limites, notamment dans la composition des personnages. Nous percevons de Rose sa fatigue, sa douleur, son goût pour l’ironie british mais l’on s’attend à percer un mystère ou une part d’elle moins caricaturale qui n’aboutit pas réellement.
De même pour le personnage du docteur Gomez. Sa clinique et son comportement son empreints de mystère, in fine nous n’en apprenons guère davantage à son sujet, sa fantaisie contrebalance le poids de l’introspection de Sofia, ce personnage si prometteur s’avère être seulement qu’un outil technique. Quant à Ingrid, elle reste tout aussi allégorique, mystérieuse et nocive.
Je fus donc, je l’admets, emportée pas l’histoire mais pas tant marquée par elle une fois le livre fermé. Un moment de déconnexion et de plonger dans une intériorité, une seule. C’est le reproche que je fais mais c’est une aventure littéraire bien menée qui vaut le détour. Je conseille donc cette lecture!
Et voilà nous y sommes ! Le régime, le régime, la crise de régime en France. Je vous préviens ça m’emmerde d’avance, je préfère parler de roman de cape et d’épées mais on va rester concentrés vous et moi. La politique française est devenue depuis les législatives un soap opéra qui amuserait la chipie qui sommeille en moi si nos droits et nos dignités n’étaient pas en jeu. Tentons de nous instruire et de nous amuser quand même un peu.
Pour ça j’ai eu une brillante idée, mais il va falloir jouer le jeu. Je vous vois les petits septiques, si si, vous allez écouter une musique, cette musique pendant la lecture, vous verrez ça change tout.
I Don't Feel Like Dancin' - Radio Edit • Scissor Sisters (spotify.com)
Macron a enfin accepté la démission de Gabriel Attal entant que premier ministre, Attal qui est devenu au passage le nouveau président du groupe Renaissance, ce qui n’a pas plu à son ancien copain Darmanin qui n’hésite pas à le tacler gentiment sur X (soap opéra on a dit).
Le ministre a démissionné le gouvernement de Macron est également démissionnaire et de ce fait, sa présence provisoire. Un nouveau gouvernement doit donc se créer, cela commence par l’élection d’un nouveau premier ministre. Ce qui veut dire qu’actuellement nous vivons avec un gouvernement fragile, d’entre deux. Quoi qu’il en soit, chaque groupe parlementaire doit présenter un.e candidat.e potentiel.l.e. Alors tout le monde en a choisi un sauf … le NFP qui ne parvient pas à se mettre d’accord en interne. En effet, de vives frictions ont lieu entre les différents groupes NFP et la FI, porque ? Le Parti Socialiste qui fait des siennes et commencerait à proposer l’idée de s’aligner éventuellement avec le parti républicain. On le sait car le PS, EELV et le PC s’étaient mis d’accord sur le nom de Laurence Dubiana entant que potentielle ministre NFP, mais cela n’a pas plu à la FI. Dans une tribune pour le journal le monde, elle a tenu les propos suivants : « Le NFP doit tendre la main aux républicains pour discuter d’un programme d’urgence républicaine. » Le problème, c’est que ces deux programmes sont opposés notamment sur la question des répartitions des richesses ( la FI maintient entre autres l’urgence d’augmenter le SMIC à 1600 euros dans un contexte d’inflation) ce qui n’est pas du goût de tout le monde.
Nouvelle de dernière minute, le NFP s’est enfin mis d’accord sur un nom de ministre à présenter : Lucie Castets, haute fonctionnaire qui a travaillé à la direction du trésor public, anciennement militante du parti socialiste, ex-conseillère d’Anne Hidalgo, son nom a été soufflé par Olivier Faure. Je ne sais pas vous, mais on sent que le PS est le parti perçu comme « consensuel » au sein du NFP. Pour l’économiste « Thomas Porcher » passé au micro de “le média”, c’est sous un gouvernement socialiste et sous Hollande que des lois inquiétantes sur le marché du travail sont passées (loi El Khomri) ce que la droite n’a jamais fait, il ajoute : « Les programmes du NFP et du Front républicain ne sont pas compatibles économiquement ».
On rappelle quelques chiffres de l’INSEE : en 2023, 13,1% de la population française est en privation matérielle et sociale, un.e français.e sur dix n’a pas les moyens de se chauffer, un.e français.e sur dix ne peut pas manger de protéines tous les deux jours. Ces chiffres sont en augmentation par rapport aux années précédentes. Toujours selon l’INSEE, une situation financière difficile à l’adolescence expose un risque de privation plus élevé à l’âge adulte.
Si le parti socialiste « s’ouvre » à des compromis avec LR ou Renaissance, partis aux programmes opposés sur les plans économiques et sociales, cela casserait l’alliance du NFP. La FI s’oppose à toutes les compromissions avec les autres partis hors NFP contrairement au PS, au PC et à EELV. Restons vigilent.e.s .
Et oui Yaël Baunet-Pivet a été réélue au perchoir, elle est de nouveau présidente de l’Assemblée nationale. Elle était pourtant mal partie, mais après avoir flirté avec le parti républicain, la marconiste s’est vu finalement réélire au troisième tour face à André Chassaigne candidat NFP, membre du parti communiste à seulement 13 voix d’écart. Et si vous voulez le scandale éclate à ce moment-là. En effet, des ministres ont usé de leur casquette de député pour voter en faveur de Baunet-Pivet, ce que la France Insoumise pointe du doigt, un ministre ne peut pas voter entant que député à l’Assemblée nationale, quand bien même il ferait parti d’un gouvernement démissionnaire. L’argument ? La séparation des pouvoirs, idée révolutionnaire au centre de notre constitution, qui ne serait pas respectée. Dans les faits, la loi est très floue si on se rapporte au contexte singulier d’un gouvernement sur le départ. Personnellement, si ces personnes portaient de réelles valeurs déontologiques, elles ne se seraient pas permises de voter. Au moment où elles votent elles sont ministres dans un gouvernent provisoire certes, ministres quand même. Mais la déontologie, c’est un principe suranné en politique.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais nombreux sont celleux qui parlent d’un basculement vers la VIème république. Celui qui avait proposé l’idée il y a quelques années n’est autre que Jean-Luc Mélenchon. Cette nouvelle république voudrait donner plus de poids à la voix du peuple, plus de pouvoir à l’Assemblée nationale, moins au président. Cela demanderait de créer une nouvelle constitution. Pour réfléchir à la composition de cette nouvelle constitution il y aurait la création d’une « assemblée constituante » composée de citoyen.n.es tiré.e.s au sort et de spécialistes. Cette nouvelle constitution serait ensuite validée ou non par les votes de la population, donc par référendum.
Plus de pouvoir à l’Assemblée nationale
Un référendum d’initiative citoyenne (si un groupe de citoyen est assez nombreux, il peut proposer des lois et les faire passer par référendum, on pense au mouvement Gilets jaunes)
Proportionnelles intégrales aux législatives (on se contente d’un premier tour, et si un parti obtient 40% des voix au premier tour, il aura 40% de sièges à l’assemblée par exemple, pas toujours une bonne idée si on regarde le score des dernières législatives au premier tour.)
A titre personnel, je trouve l’idée d’une VIème république intéressante, je doute cependant qu’elle ait lieu sous le gouvernement de Macron quand on sait que pour changer de république il faut : soit un accord du parlement (lol ) soit une initiative du président (lool). Ne soyons pas défaitistes, après tout, à chaque jour son lot de surprises !
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Cœur sur vous
Melinda